Atmosphère, atmosphère...

Le cinéma en France vu par ses affiches,
des années 30 à l’Occupation.

Le film policier

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Le film policier

Les années 1930 sont marquées, à la fois dans le cinéma et la littérature, par un engouement pour le genre policier, comme en témoignent les nombreuses adaptations cinématographiques des romans de Georges Simenon, Stanislas André Steeman ou Pierre Very.

Le récit de l’enquête devient alors plus important que celui du crime. Le malfaiteur n’est plus le génie diabolique des sérials du cinéma muet (Fantomas). Il est surtout le mauvais garçon, marginal et déclassé (Jean Gabin dans La Bête humaine ou Le Jour se lève ) mû par la contrainte sociale, par l’amour d’une femme, ou encore victime de profiteurs. Le réalisme poétique et la critique sociale apparaissent ainsi dans le film policier.

Comme en contrepoint aux ambiances sombres des films, les affiches conservent leurs couleurs éclatantes. C’est l’action qui y est mise en avant avec l’usage de la diagonale, la représentation d’armes de poing et de confrontations.

Dans le même temps émerge la figure centrale de l’enquêteur, souvent portraituré sur l’affiche. Le policier arrive en France avec Maigret, au début des années trente. Il défend la légalité, cherche à comprendre sans juger et se pose en arbitre entre les criminels et les puissants, alors qu'aux Etats-Unis l’enquêteur reste un privé aux prises avec la pègre et la corruption.

Pendant l’Occupation, certains films policiers deviennent sombres et pessimistes. Le regard compréhensif sur la société cède le pas à une description sans concession. Le cinéma d'Henri-Georges Clouzot en est représentatif. Le Corbeau (1943) est ainsi accusé par Vichy comme par la résistance de donner une image avilissante de la France. La campagne publicitaire du film sur le thème "La honte du siècle : les lettres anonymes" est, elle, interdite par la Gestapo.