Atmosphère, atmosphère...

Le cinéma en France vu par ses affiches,
des années 30 à l’Occupation.

Epoque agitée

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Entre espoir et inquiétude

Touchée par la crise économique mondiale au début des années 1930, la France est confrontée à la montée des fascismes et doit faire face à la menace grandissante d'une nouvelle guerre sur le continent.

Dans cette société traumatisée par la Première Guerre mondiale, le pacifisme est devenu une force politique essentielle et le cinéma est l'un des lieux d'expression de la mémoire de 1914-1918. La guerre y apparaît comme une aberration, avec son lot de blessés et de morts, comme dans À l'Ouest rien de nouveau (1930). Le difficile retour à la guerre civile des rescapés, l'absurdité des nationalismes, la fraternité entre les peuples sont autant de thèmes développés alors par le cinéma. La Grande Illusion (1937), film pacifiste et humaniste, vaut à son auteur, Jean Renoir, l'un de ses plus grands succès critiques et publics.

Durant cette décennie de turbulences, l'optimisme permet de lutter contre la dépression, comme le suggère la troupe de théâtre de La Crise est finie (1934). Considérée comme l'une des principales incarnations de l'esprit du Front Populaire, La Marseillaise (1937) est un appel à l'engagement collectif. C'est bien la figure du peuple, et non les portraits de vedettes de cinéma, que les affiches de ce film mettent en avant.

Après avoir choisi d'organiser la défense passive ( Alerte! , 1936), la République laisse la place au gouvernement de Vichy, qui met en place une censure rigoureuse et devient un relais efficace de la politique nazie. Dans les salles, les films tels Après Mein Kampf, Mes crimes ! Par Adolf Hitler (1940) sont remplacés par des titres allemands comme Le Président Krüger , réalisé par l'un des cinéastes officiels du Troisième Reich, Heins Steinhoff, en 1941. Malgré les directives de Goebbels « afin que les Français ne produisent que des films légers, vides, et si possible, stupides » (15 mai 1942), certains films affichent leur patriotisme – c'est le cas notamment de La Symphonie fantastique (1941).